ANNEE 2024 - 20 novembre 2024
Simon Delisle - 19 novembre 2024
Simon Delisle
Tache, une drôle de résilience
Dans son deuxième spectacle Simon Delisle se moque de la vie. Il rit de la vie parce que « la vie c’est de la marde et il faut l’accepter ».
L’humoriste au physique un peu atypique a déposé son tabouret à lunettes et sa bouteille d’eau sur la scène du Théâtre du Petit Champlain ce mardi pour nous présenter son one man show intitulé Tache.
Mais avant de pouvoir entendre Simon Delisle, nous avons eu droit à un petit quart d’heure en compagnie de Mat Levesque. Ce saguenayen aux racines profondes a vraiment bien réchauffé la salle en nous parlant des veuves de chasse, de ses chums de brosse et des drogues obscures. Un gars qui a du métier et ça parait.
Simon Delisle est entré sur scène sous des applaudissements nourris. Le public était déjà bien disposé à passer une belle soirée. Simon Delisle lui, s’est plutôt empressé de nous raconter ses deux pires spectacles à vie. Ses premières anecdotes soulèvent de nombreux rires. Il nous confiera qu’il n’est pas un grand fan de l’hiver. Quand il nous donnera sa définition du hockey, on comprendra pourquoi il dit que c’est un sport de psychopathe. « L’hiver, ça apporte son lot de virus » Le numéro où il nous raconte son passage à l’urgence est particulièrement drôle. « L’hôpital, c’est la meilleure place où aller ».
Qu’il nous parle de voyage, de sa psychologue ou du Dixie Lee de Baie-Comeau, Simon Delisle enchaine les gags à un rythme d’enfer, laissant à peine le temps à son public de reprendre son souffle.
Il nous fait beaucoup rire. Pourtant, les sujets qu’il aborde sont souvent lourds. L’humoriste, lui aussi originaire du Saguenay, a d'importants problèmes de santé. Dans une auto-dérision, il nous parlera de son apparence physique, et de ses taches que lui causent le vitiligo. Il dit qu’il a l’allure d’une toile de Jackson Pollock. Il souffre aussi de polyendocrinopathie, une maladie rare qui lui a fait perdre prématurément tous ses cheveux et ses poils. Ses problèmes de santé l’ont porté à détester des phrases toutes faites comme « Merci la vie ». « La vie ce n’est pas un cadeau, c’est une fatalité ». « Si on construisait un jeu vidéo basé sur la vie, ça serait un jeu de marde »
À travers des sujets lourds mais jamais sombres, il traite de la maladie, la folie, de la colère et des travers de la société. Un spectacle de Simon Delisle est un moment où on laisse son stress et ses tracas au vestiaire pour un bon 90 minutes.
Ses images sont puissantes et portent parfois à la réflexion. Il écorche au passage les coachs de vie et les influenceurs. Il nous amènera lentement mais sûrement vers le titre de son spectacle.
Simon Delisle poursuit sa route à sillonner les quatre coins du Québec. Il sera de retour au Théâtre du Petit Champlain en supplémentaire le 27 janvier prochain et à la Chapelle spectacle le 8 mai prochain.
Pour en connaitre plus sur Simon Delisle, tapez le https://simondelisle.ca
Claude Gignac
Ariane Moffatt - 15 novembre 2024
Ariane Moffatt
Pop de chambre, seule avec elle et ses chansons
Pop de Chambre est un spectacle que l’on pourrait qualifier de « presque unique ». Ariane Moffatt ne l’a présenté que deux fois. Ce vendredi, elle nous offrait un cadeau en lançant une invitation à ses fans de sa région natale. Ce spectacle intimiste a été chargé d’émotion à souhait la première fois qu’elle l’a présenté à l’église de Lac Mégantic.
Ariane Moffatt souhaitait retrouver la même proximité avec son public que lors de sa précédente tournée où elle s’est promenée seule avec son clavier.
Pour ce spectacle qu’elle a présenté au Palais Montcalm ce vendredi, elle a choisi d’ajouter une belle féminité à son spectacle en s’adjoignant des services du quatuor à cordes Mommies on the run. Ce sont ces mêmes filles qui l’ont accompagnée lors de l’enregistrement de la majorité de ses albums. Ce même quatuor qui accompagne notamment Patrick Watson. Un quatuor formé de Mélanie Vaugeois, Ligia Paquin, Annie Gadbois et Mélanie Bélair,
Sa chambre est enfumée et les éclairages sont beaux, sobres, presque sombres. La lumière est souvent rouge comme ses vêtements, ajoutant de la chaleur à cette soirée toute en intimité, toute en sobriété. Un spectacle si intimiste qu’elle s’est même permise d’inviter son fils Georges à la rejoindre sur scène après l’avoir entendu derrière elle. Le petit Georges est « entré dans sa chambre » et en a profité pour avoir un câlin de sa maman.
« Ce soir, je vous dirai tout de mes chanson », invitant le public à lui poser des questions. Un spectacle dépouillé de tout artifice est souvent le moment de renouer avec les textes de l’artiste. Pop de chambre n’y fait pas exception. On le sait, elle est une musicienne aguerrie. Mais, Arianne Moffatt sait aussi construire de la belle poésie. On l’apprécie notamment dans la très belle Perséide et la très touchante Poussière d’ange. Elle a uni son talent de compositrice aux mots de la dramaturge Fanny Britt pour Phèdre en forêt. Elle avait invité Lou-Andréanne Cassidy à prendre la relève de Lou Doillon mais elle n’était pas disponible. Elle a dû se contenter de chanter en solo Jamais trop tard, une très belle adaptation de Everybody’s got to learn sometime de Beck. La qualité de la livraison n’a, en rien, été affectée.
Ces textes sont souvent positifs et plein d’espoir. Dans de magnifiques arrangements, elle nous interprétera Debout, La fille de l’iceberg, Hôtel amour. Elle a habilement inséré la magnifique Famous blue raincoat de Leonard Cohen à son répertoire d’un soir.
Avant de nous laisser retourner à la maison, elle nous a demandé de nous lever debout pour danser sur Nuit magique reprise de Catherine Lara. Nous resterons debout pour Miami pour laquelle elle n’a pu s’empêcher d’insérer des éléments de percussion, histoire d’ajouter un peu de beat à cette superbe soirée toute en douceur. Je pense que si nous avions vraiment été dans sa chambre, la voisine d’en bas aurait frapper au plafond.
Au rappel, elle enfilera sa guitare pour Je veux tout et Montréal.
Ariane Moffat nous prépare un nouvel album qui reste mystérieux quant à la date de sortie. On a bien hâte d’entendre le produit de cette « multi-talentueuse » artiste qui a déjà laissé écouler quatre ans depuis la parution de son dernier album et qui, en 2022 a réédité une version remixée de son tout premier disque Aquanaute paru il y a déjà plus de 20 ans.
Vous pouvez suivre cette artiste exceptionnelle en vous rendant au https://www.arianemoffatt.com/
Claude Gignac
Marie Denise Pelletier - 03 novembre 2024
Marie-Denise Pelletier
A fleur de peau
Depuis 2020, Marie Denise Pelletier partage la scène avec Marie Carmen et Joe Bocan dans un spectacle intitulé Pour une histoire d’un soir. Ce dimanche, elle s’est rendue à la Salle Albert-Rousseau pour nous présenter son propre spectacle Sous ma peau de femme.
Sous ma peau de femme est aussi le titre de son tout dernier album, son douzième en carrière, lancé en octobre 2023. C’est aussi son premier album en sept ans, un album qui célèbre quatre décennies de carrière.
Marie-Denise Pelletier est entrée sur scène vêtue d’une élégante robe longue à paillettes. Elle a débuté son tour de chant en nous interprétant la toute première pièce de son récent enregistrement Cette femme-là. Les pièces de son dernier album ont été spécialement écrites pour elle par des grands paroliers. Les mots de Marc Chabot, Robert Charlebois, Mario Chénard, Louis-Jean Cormier, Claude Gauthier, Corey Hart, Catherine Major, Sylvie Paquette, Michel Rivard et j’en passe. Des mots qui lui collent à la peau. Ses chansons sont comme une introspection, un fil conducteur qui parcours sa carrière, sa vie dans les recoins les plus secrets.
Marie-Denise Pelletier est souvent perçue comme une interprète. Pourtant, elle a écrit ou composé une cinquantaine de ses chansons. Parti via Vancouver, troisième chanson du spectacle, lui a été inspirée suite à un concours où elle s’était fait insulter par Bruce Allen, le gérant de Bryan Adams, devant plus de deux millions de téléspectateurs.
C’est un défi de s’attaquer à un grand classique. Accompagnée d’un piano et d’un violoncelle, elle a magnifiquement relevé le défi en interprétant Les moulins de mon cœur de Michel Legrand au grand plaisir des spectateurs qui se sont levés à la fin de l’interprétation.
Benoit Sarrazin, complice depuis le tout début, l’accompagnait au piano alors que la souriante Gabrielle Gélinas pinçait les cordes de sa basse et de sa contrebasse. Marc Papillon était aux claviers, au violon et à l’accordéon pendant que le guitariste Francis G. Veillette agissait comme chef d’orchestre. Les très beaux arrangements étaient l’œuvre de Jacques Roy.
Marie-Denise Pelletier incorporera plusieurs de ses classiques à travers ses nouvelles pièces. Elle le fera en ajoutant des anecdotes sur la chanson. On apprendra qu’elle se promenait avec la cassette sur laquelle elle avait une magnifique musique de Mark Baker dans l’espoir de croiser Luc Plamondon. La rencontre a eu lieu et le parolier a trouvé les mots à apposer à la musique après avoir chuté de sa planche à voile. Le travail de Baker et Plamondon a donné naissance à Pour une histoire d’un soir. Elle nous parlera aussi de Jean-Pierre avec qui elle a travaillé à la CSST. La lettre post-mortem de Jean-Pierre, mort du SIDA, a donné naissance à La lettre.
Elle nous confie qu’entre 13 et 53 ans elle avait une collection. « Je collectionnais les peines d’amour ». Cette histoire nous conduira à la très belle 17 ans.
Marie-Denise Pelletier c’est la passion de chanter. Marie-Denise Pelletier c’est le pouvoir de nous émouvoir avec la force de ses interprétations et la puissance de sa voix.
Après s’être fait bercer par les mots et la musique de Michel Rivard avec Novembre, et son grand succès Tous les cris les S.O.S. Marie-Denise Pelletier nous laissera à fleur de peau avec la chanson titre de son disque Sous ma peau de femme.
Chaque chanson livrée à grand coup de voix et d’émotion et fera retentir un tonnerre d’applaudissement.
Elle tirera sa révérence sur une note humoristique en nous chantant que son répertoire est épuisé, que son pianiste est exténué et qu’il est temps de rentrer chez nous.
Il reste encore un spectacle à Sept-Îles et un à Baie-Comeau à cette tournée qui a déjà visité plus de trente salles au Québec au cours de la dernière année.
Pour suivre Marie-Denise Pelletier, il ne suffit que de vous rendre sur le http://www.mariedenisepelletier.com
Claude Gignac