La shop - 11 octobre 2024

Yvon Deschamps raconte La Shop

La drôle histoire du Québec 

Tout le monde le sait, Yvon Deschamps est déjà un monument du Québec, un jalon de notre histoire en humour. Il a non seulement tracé la ligne aux nombreux humoristes qui ont emprunté son chemin mais, il a aussi par ses textes forts et tellement drôles, décrit et dénoncé habillement le Québec faible, le Québec gris de la fin du 20e siècle. Ses monologues sont drôles, touchants mais jamais moralisateurs.

L’œuvre de Deschamps a inspiré le créateur et metteur en scène Jean-François Blais qui nous présente Yvon Deschamps raconte La Shop ce vendredi à la salle Louis-Fréchette du Grand Théâtre de Québec.

En plus de son immense talent d’humoriste, Yvon Deschamps, le conteur d’exception a été musicien, auteur, chanteur. Il a aussi été comédien. C’est peut-être ce qui a inspiré le créateur d’inclure plusieurs formes d’arts au spectacle.

Depuis l’arrière de la salle, les artistes montent sur scène dont le décor semble inspiré du film Les temps modernes de Charlie Chaplin qui aurait été une idole de Deschamps. 

Le premier tableau nous présentera le monologue Une job steady pis un bon boss et L’union quossa donne? Deux monologues, deux classiques de l’humour tirés d’une époque où les canadiens français étaient nés pour un petit pain. Après Travailler dans ma cour, le 3e tableau nous offrira Les filles. Ce monologue nous démontre bien le côté avant-gardiste de Deschamps. Sur un ton macho et rétrograde, le propos est féministe. « Qu’est-ce que tu fais là? Respecte-moi » Deschamps savait patiner sur une glace fragile où il faisait rire les gens en campant un personnage qui lui servait à passer des messages à la fois drôles et déstabilisants. 

Jean-François Blais a choisi, tout comme le faisait Yvon Deschamps, d’inclure des chansons dans son spectacle. Il a choisi d’inclure des pièces d’autres artistes québécois. Les chansons sont choisies avec le souci de se marier parfaitement au monologue. C’est ainsi qu’on pourra entendre Comme un million de gens de Claude Dubois, Sous les cheminées de Richard Séguin, La vie d’factrie de Clémence Desrochers, À hauteur d’homme de Vincent Vallières et bien d’autres.  Comme toujours, les beaux arrangements concoctés par Antoine Gratton appuient à merveille la thématique. Autre choix judicieux, celui d’inclure trois musiciens au spectacle. Leur présence ajoute du punch à la soirée.

Un choix un peu moins judicieux est celui d’avoir inclus un entracte au spectacle. Cette pause vient un peu couper le rythme super bien structuré dans une pièce où l’enchainement des monologues livrés parfois par plus d’un comédien et les chansons s’emboitent parfaitement. Peut-être était-ce la pause syndicale…

Yvon Deschamps, lui-même assure la transition des numéros grâce à une narration enregistrée et projetée sur l’écran au fond de la scène. Il n’a perdu ni le rythme ni son mordant. Ces présentations se conjuguent au présent où le grand Monsieur Deschamps nous parle de rencontres sur le net avec Tinder ou bien d’intelligence artificielle. 

Jean-François Blais a su créer une mise en scène qui combine huit danseurs et danseuses de DM Nation à deux artistes de cirque sans que tout ce beau monde s’entrechoque. 

Les rôles principaux ont été confiés à quatre comédiens de talent. David Savard, Elizabeth Duperré, Sylvain Marcel et Stéphane Archambault se partagent les monologues dans un chassé-croisé dynamique et efficace. 

En deuxième partie, La maudite machine de Pierre Flynn viendra introduire Le boss est mort. Un monologue qui nous fait réfléchir.

La superbe soirée se conclue avec Aimons-nous, écrite par Monsieur Deschamps qui, à mon avis et à l’avis de plusieurs, est l’une sinon, la plus belle chanson du répertoire québécois. Je pense que ce texte traversera le temps tant son propos reste contemporain. 

Quelle excellente idée d’inclure Yvon Deschamps dans un spectacle qui lui rend hommage et souligne l’immense contribution de son œuvre à la culture du Québec.

Une autre représentation est au programme du Grand Théâtre samedi soir. Il reste probablement quelques bons billets. N’ayez crainte, des supplémentaires sont prévus le 7 et 8 mars 2025.

Yvon Deschamps raconte La Shop ira à la rencontre des québécois un peu partout en province. Des dates sont prévues jusqu’en septembre 2025. Pour connaitre les adresses et les jours, rendez-vous au https://www.yvondeschamps.com/

Claude Gignac