BEAU DOMMAGE - 14 septembre 2024
Beau Dommage symphonique
Ça fait 50 ans qu’on se connaît… et on aime toujours se revoir
Un demi-siècle nous sépare du lancement du premier album de Beau Dommage. Les années 70, une période charnière de la musique québécoise. Beau Dommage a marqué l’histoire et changé la musique du Québec.
Pour souligner cet important anniversaire, la musique du groupe mythique de Montréal sera présentée en mode symphonique dans quelques salles du Québec. Deux représentations ont eu lieu ce samedi au Grand Théâtre de Québec.
L’Orchestre Métropolitain, dirigé par Adam Johnson assurait la livraison de cette musique associée à une poésie urbaine, tissée dans des histoires du quotidien.
Un peu comme au cirque, la sélection des interprètes s’est faite en fonction du talent mais aussi en voulant préserver une sorte d’anonymat comme pour laisser toute la place à la musique et aux mots de Beau Dommage. Ainsi, onze interprètes, parfois un peu moins connus du public ont prêté leur voix à ce spectacle. On a pu entendre Alexandre Désilets, David Latulippe, Allyson Pétrin, Audrey-Louise Beauséjour, Audrey-Michèle, Coral Egan, Franck Julien, Jules, Krystel Mongeau, Sarah-Maude Desgagné et Sophie Grenier. Plusieurs sont issus de Star Académie ou de La Voix.
La soirée a démarré tout en douceur avec Montréal, parue sur leur tout premier album sortie en 1974 alors que les onze chanteuses et chanteurs étaient alignés en avant de la scène. Le géant Beaupré, Le Picbois, À toutes les fois qu’à vient, toutes tirées de leur premier album se sont succédées. Ce n’est pas compliqué, dix des onze pièces de ce disque ont été des hits et auraient pu être jouées lors du spectacle.
Les interprètes se succéderont dans des performances parfois inégales. Mais la musique et les textes de Beau Dommage seront toujours présents. Ces chansons, qui ne font pas leurs cinquante ans, ont bien vieilli.
Soulignons la puissance de la voix de David Latulippe, qui incarne Zéro Janvier dans la dernière mouture de Starmania. Franck Julien, que l’on peut voir souvent comme choriste est aussi excellent. Sarah-Maude Desgagné, qui fait maintenant carrière sous le nom de Lyxé, possède une voix remarquable. Soulignons aussi la touchante interprétation d’À toutes les fois qu’à vient par Audrey-Louise Beauséjour. Sophie Grenier offre sa douce voix à Rose va chez son fils dans une très belle livraison.
Le directeur musical et arrangeur Antoine Gratton a encore fait un travail d’exception. Dans l’objectif de se rapprocher un peu du son original de Beau Dommage, il a choisi d’inclure une basse, une batterie et une guitare à l’orchestre symphonique. J’aurais personnellement préféré qu’on laisse davantage de place à la bande d’Adam Johnson pour obtenir un son plus symphonique.
En ce sens, Krystel Mongeau nous a offert une très belle version du Retour du flâneur un peu plus rock.
Tous les classiques de Beau Dommage y sont passés. Harmonie du soir à Châteauguay, Tous les palmiers, Ginette ont toutes été réarrangées pour le grand orchestre. Des grelots et des courants de lumières vertes et rouges nous donnaient un bon indice de la prochaine chanson. Naturellement, La complainte du phoque en Alaska était un incontournable. Chantée de façon admirable par trois filles, ce texte devenait comme une belle rencontre entre la mère et son enfant. Vers la fin de la chanson, le chef Johnson s’est tourné vers le public pour les diriger pour que tous les fans chantent le refrain.
À la demande des membres de Beau Dommage, l’intégralité de la très longue Un incident à Bois-des-Fillion a été interprétée. Le défi a été relevé de façon magistrale. Un moment fort de la soirée.
Pour la dernière chanson, Antoine Gratton est sorti du milieu de l’orchestre, lui et son piano s’élevant au-dessus de la scène pour interpréter Le blues d’la métropole alors que les 11 chanteuses et chanteurs sont revenus sur la scène vêtus d’un dossard orange sur lesquels ont pouvait lire Beau Dommage en assemblant les onze lettres apposées derrière.
À la sortie, les nombreux fidèles spectateurs et spectatrices semblaient vraiment heureux et heureuses d’avoir rencontré la musique de leurs idoles du temps où leurs cheveux étaient plus nombreux et moins blancs.
Vous pouvez réécouter les versions originales des dix-huit chansons de ce spectacle, sur une liste de lecture, en faisant une recherche avec Beau Dommage symphonique sur Spotify.
Claude Gignac