Louise Latraverse - 07 avril 2024
Louise Latraverse, On l’aime Crisse
Entendre une personne nous raconter des pans de sa vie c’est souvent très agréable. Avoir le bonheur d’entendre une personne nous parler des épisodes parfois exceptionnels qui ont marqué sa vie, c’est un privilège. C’est ce privilège que j’ai vécu ce dimanche en compagnie de la comédienne Louise Latraverse au Grand Théâtre de Québec.
Le titre de sa conférence, est tiré de sa participation à l’émission En direct de l’univers. Lorsque France Beaudoin lui a demandé de lui nommer quelque chose dont la Covid ne viendra pas à bout. Sa réponse spontanée, « l’amour crisse », a vite fait le tour du Québec.
C’est en dansant qu’elle s’est avancée vers le devant de la scène pour saluer la foule qui remplissait la salle Octave-Crémazie et lui dire à plusieurs reprises comment elle était heureuse d’être là, dans la belle ville de Québec.
Le premier segment de ce spectacle conférence, se déroulera sous le thème de la vieillesse. Les premières minutes lui ont servi à trouver ses repaires et son rythme de croisière. « On est chanceux d’être vieux ».
Faire un spectacle à 50 ans ça va, à 60 ans, ça va mais à 80, tu gardes ton texte, faisant référence à son texte qu’elle garde sur un lutrin devant elle. Elle nous confiera avoir 83 ans. Malgré les années, l’octogénaire est belle et resplendissante. Elle nous dit que son défi est d’essayer de voir passer le temps.
Louise Latraverse aime rire et nous faire rire. Et ça fonctionne. Le public, pendu à ses lèvres rit et interagie avec la comédienne. Elle nous a fait rire lorsqu’agacée par ses lunettes qui ne cessent de tomber, elle s’exclame : « Mes estie de lunettes. J’pense que j’ai maigri du nez ».
Elle en profite pour nous dire comment elle aime ça sacrer.
Elle nous raconte ses premiers pas comme artiste lorsqu’elle récitait La cigale et la fourmi chez son grand-père.
Celle qui est née à Arvida, est allée rejoindre sa mère à Ottawa où elle a eu le bonheur de dormir dans la chambre de sa première idole, la patineuse artistique Barbara Ann Scott.
Elle nous parlera de sa rencontre avec Maurice Chevalier, de son premier emploi à la radio CJMT de Chicoutimi.
Après être déménagée avec sa famille à Ville St-Laurent, elle obtiendra une entrevue pour jouer avec nul autre que Jean Coutu alors très populaire au Québec pour son rôle du Survenant.
Après nous avoir parlé du dramaturge Marcel Dubé et d’avoir appris son métier sur le tas, Elle nous raconte son premier grand amour.
Son amour avec Claude Léveillé qui a écrit La légende du cheval blanc pour elle. Ce n’est pas rien quand-même. Elle nous raconte qu’ils ont vécu à trois. Claude, son piano… et moi. De ses dire, Claude Léveillé ne faisait pas grand-chose à part jouer du piano. Elle finira par le crisser là avec son cheval blanc.
Elle nous parlera de sa rencontre avec Paul Buissonneau avec qui elle fondra le Théâtre de quat'sous. Que dire de celle avec Félix Leclerc qu’elle trouvait si beau mais qui ne lui a pas adressé la parole. « Qu’est-ce ça donne d’être si beau? ». Elle se reprendra bien en chantant avec lui lors d’Expo 67. Elle nous chantera La fille de l’Ile en version a capela sans jeter un œil au texte. Le public lui a réservé de généreux applaudissements. Elle a joué avec tous les acteurs du Québec sauf… le beau Roy Dupuis qui habitait pourtant sur sa rue.
Le passage de sa vie à Woodstock était attendu de toutes et tous. C’est là qu’elle a vécu avec son mari Emmett Grogan et qu’elle est tombée enceinte de son fils. Bob Dylan et Ingmar Bergman auront entre autres, croisé sa vie.
Puis, fatiguée après être revenue à Montréal, elle « fly » en Inde où elle développera son talent pour le dessin. Une cartomancienne lui prédira alors qu’elle vivra jusqu’à 89 ans et qu’elle aura une vieillesse heureuse. « Vous avez ben fait de venir à soir ».
On aura passé plus de 90 minutes avec cette femme attachante, à écouter ses histoires, ses anecdotes d’une vie loin d’être ordinaire. On en aurait écouté encore.
On est tombé en amour crisse.
Vous avez manqué ce rendez-vous. Ne vous en faites pas. Elle sera à La Chapelle Spectacles le 3 octobre et au Grand Théâtre le 5 décembre prochain.
Pour plus d’informations, rendez-vous au https://productionsmartinleclerc.com/louise-latraverse/
Claude Gignac