HAIR - 14 décembre 2023

 

Hair, Une révolution pas tranquille du tout

En 1970, on qualifiait Hair de pièce actuelle qui parle d’aujourd’hui. Plus de 50 ans plus tard, on aurait pu s’imaginer que les sujets traités dans la pièce fassent partie de l’histoire et soient réglés. Il n’en est malheureusement rien. L’égalité hommes-femmes, l’homosexualité, le racisme, les guerres de religion font toujours les manchettes aujourd’hui. Seuls les noms ont été changés.

Dès notre arrivée, nous croisons des jeunes hippies qui se promènent dans le lobby de la salle de spectacle du chemin Ste-Foy distribuant de l’amour et de la paix. Ils font leur entrée dans la salle, se mêlant même aux spectateurs avant de s’avancer sur la scène d’un théâtre abandonné, rempli d’échafaudages et squatté par les hippies. Déjà, le 4e mur est brisé quand Woof, interprété par Félix Lahaye, s’adresse au public pour leur donner quelques consignes.

Rapidement Berger, (Pierre-Olivier Grondin) un des leaders du groupe, souhaitant mettre un peu de vie dans la place, demande à Lorenzo (Lorenzo Somma, qui est à la direction musicale de la pièce), de jouer quelque chose. Installés sur les échafauds, Lorenzo et ses complices musiciens lancent les premières note d’Aquarius, une des chansons phares de la comédie musicale. La pièce sera un feu roulant de danses sur les chansons partiellement traduites en français, en souhaitant faciliter la compréhension de l’histoire tout en maintenant l’essentiel des chansons originales. Une recette bien réussie.

La pièce créée en 1964 et présenté pour la première fois en 1968, nous raconte l’histoire de ces jeunes révolutionnaires et tourne autour de Claude (Philippe Touzel), un des mâles dominants, qui rend folles quelques filles de la meute. Claude ne veut pas aller à la guerre (Vietnam), Alimenté par ses convictions de Peace and love, va-t-il bruler son avis de mobilisation?

La mise en scène de Serge Denoncourt est fort dynamique. Les jeunes sont toujours en mouvement sur une scène chargée de beaucoup d’échafauds où les comédiens semblent parfois à l’étroit. On pourra y voir et entendre I have a dream, le discours de Martin Luther King, projeté de belle façon sur les pancartes des manifestants. Les comédiens sont efficaces dans leur rôle qui leur demande des agilités de danse jumelées à leur talent de comédien et de chanteur. En plus des performances de Touzel et Grondin, celles d’Éléonore Lagacé, Sarah-Maude Desgagné, Cassandra Montreuil sont à souligner. Étienne Couzineau, découvert à La voix il y a dix ans, tient le rôle de Margaret Mead. Il est hallucinant avec sa voix qui se rapproche de celle d’une soprano.

Dans la seconde partie de pièce, les effets de la drogue se feront sentir. Le « bad trip » de Claude nous transportera au cœur de la guerre et nous conduira jusqu’à l’interprétation de Let de sunshine in (Laissons entrer le soleil) qui fera lever les spectateurs avant de voir quitter les 24 chanteurs, chanteuses, danseurs, danseuses, et les sept musiciens. 

Hair, cette pièce qui a déjà vendu plus de 40 000 billets au Québec a installé son décor sur la scène de la Salle Albert-Rousseau jusqu’au 7 janvier prochain. Pour plus d’info, vous pouvez vous rendre au www.hahaha.com

Claude Gignac