HARMONIUM - 24 mai 2022

S'envoler dans le monde d'Harmonium sans parole

Le temps dessine ses classiques. L’histoire du Québec est à jamais marquée par la musique d’Harmonium. Ce groupe mythique, formé à Montréal par Serge Fiori et Michel Normandeau, auquel se joindra Louis Valois, donnera naissance à trois albums originaux entre 1972 et 1976.

Grâce à la baguette magique du chef d’orchestre Simon Leclerc, ce mémorable triptyque ressuscitera dans une adaptation symphonique qui sera enregistrée et coréalisée par Leclerc et Fiori. Paru en décembre 2020, le succès fut instantané et plus de 100 000 copies du disque auront trouvé preneur.

Ce mardi, dans le décor enchanteur de l’Amphithéâtre Cogeco de Trois-Rivières se tenait la toute première représentation d’Harmonium symphonique, histoire sans parole.

Pour l’occasion, plusieurs personnalités du monde artistique et politique ont défilé sur le tapis rouge avant le spectacle. On a notamment pu apercevoir, Luc Dionne, Bruno Blanchette, Geneviève Borne, Michel Barette, Fred Pellerin. Même l’ancien maire Labeaume a foulé la moquette.

L’immense scène de l’amphithéâtre était remplie à craquer. Soixante-quatre musiciens de l’orchestre symphonique de Trois-Rivières et près d’une quarantaine de chanteurs du Chœur de Laval y étaient installés.

Dès les premières notes, on entre petit à petit dans l’univers d’Harmonium. Les arrangements signés Simon Leclerc sont sublimes. Il faut dire que la musique de Fiori favorise ce mariage symphonique. Les arrangements iront parfois effleurer la version originale de l’œuvre comme dans Dixie où la clarinette sonne comme l’enregistrement gravée dans les années soixante-dix. Le choix des instruments y contribue. Pour l’Exile, la flute traversière et la guitare 12 cordes, habilement jouée par Sylvain Tessier, nous ramènent directement au son Harmonium. La musique nous transporte parfois dans une atmosphère plus symphonique. L’interprétation d’En pleine face en était un bon exemple.

Même sans les textes, on plonge au cœur de l’univers de Fiori. Kim Richardson et Luce Dufault feront de courtes présences mais combien marquantes. Ces femmes chantent comme des anges.

La chef Dina Gilbert et ses musiciens et musiciennes ont fait un travail sans reproche pour rendre cette soirée grandiose.  Le son de Larry O’Mally était impeccable.

À travers la musique d’Harmonium, sur l’immense écran disposé au fond de la scène se dessinait des projections peu sophistiquées, inspirées des pochettes des albums. Deux personnages, un homme et un enfant, assis sur un banc suspendu au-dessus de la scène, tentent de nous raconter une histoire pas toujours facile à suivre. Ces deux personnages feront des apparitions réussies sur le plan esthétique.

Nous aussi on s’envole dans le monde d’Harmonium. Un voyage de plus de deux heures, extrêmement agréable.

Quel bonheur d’entendre la douceur et la puissance d’un orchestre symphonique reprendre ces pièces qui auront marqué le Québec. Aujourd’hui, je dis bonjour à la vie, Le premier ciel, Sur une corde raide, Comme un sage, Si doucement, Histoire sans parole, Pour un instant, Un musicien parmi tant d’autres, Comme un fou et j’en passe.

Pour le spectateur, l’absence des mots de Fiori ne semble pas être un frein au bonheur. Comme le titre le dit, c’est plutôt Fiori, lui-même qui a été sans parole lorsqu’il s’est présenté sur scène sous les chaleureux applaudissements des 3000 spectateurs présents. Visiblement ému,  « Je pense que c’est ma plus grande soirée ever. C’est pour ça qu’on fait ça. C’est pour ça que j’ai toujours fait ça. Vous m’avez manqué » a-t-il lancé après s’être essuyé les yeux. Ces mêmes spectateurs qui auront chanté les seules paroles de la soirée lorsque la chef Gilbert s’est tournée vers eux pour battre le rythme pour les faire chanter au son de la 12 cordes « Où est allé tout ce monde qui avait que’que chose à raconter… »  .

Toujours porté par l’émotion, Fiori a demandé au public d’avoir une pensée pour ces gens à qui on vole leur paix, leur amour et leur liberté.

Mardi soir à Trois-Rivières, j’ai assisté à un spectacle d’une grande envergure que le producteur souhaite voir se transporter sur d’autres scènes du monde. Neuf autres représentations sont au programme à l’Amphithéâtre Cogeco. Une très belle sortie à faire. Une balade sur le bord du fleuve, une bière dans le vieux Trois-Rivières et un superbe spectacle.  Quoi de mieux?

Pour en savoir plus, rendez-vous au harmoniumsymphonique.com ou sur le site de l’amphithéâtre Cogeco au amphitheatrecogeco.com

Claude Gignac