Jonathan Roy - 07 juin 2021

Jonathan Roy : D’hier à aujourd’hui

2009, je viens tout juste de terminer mon cours pour être Agent de spectacles. Je suis avide de tout ce qui est spectacle, je veux tout voir, je veux tout apprendre et je veux tout découvrir. Partout on parle du jeune Jonathan Roy dont la carrière de hockeyeur tire à sa fin et qui se lance en musique. Il sera en spectacle à la Casbah tous les jeudis durant 10 semaines, si je me souviens bien.

Une belle histoire qui commence.

Le premier soir, je vois un beau jeune homme très timide qui chante bien mais sans plus. Il a ce petit je ne sais quoi qui fait en sorte que j’ai le goût de revenir le voir le jeudi suivant. Plus les jeudis passaient, plus il prenait de l’assurance, plus il regardait son public qui en passant n’a jamais cessé de le suivre. Chaque jeudi, je lui levais mon pouce pour lui montrer mon appréciation car je savais qu’il irait loin. Je pense qu’à cette époque je croyais en lui plus qu’il n’y croyait lui-même.  Aujourd’hui, son succès ne me surprend pas, car je sais qu’il a travaillé très fort autant professionnellement que personnellement. Certains diront que c’est de la flagornerie que je fais et bien je peux me le permettre car j’étais aux premières loges quand Jo a fait ses débuts. De voir aujourd’hui l’homme et l’artiste qu’il est devenu me rend fier. Sa chanson Keeping Me Alive dont le vidéoclip compte 56 millions de visionnements sur YouTube à ce jour est un énorme succès. Je le rencontre aujourd’hui pour parler de son parcours et de son nouvel EP qu’il vient de lancer My Lullaby.

Parcours

Il a dû prendre des décisions difficiles ces dernières années, écouter sa petite voix, faire tout pour être heureux, devenir une meilleure personne et avoir le goût de partager son univers aux gens qui en ont besoin. Comment on y arrive? Pour Jonathan Roy fût de prendre une pause, de s’acheter un VR et partir en road trip.

Mais qu’est-ce qui a déclenché ça?

Je n’étais plus en amour avec la musique. J’étais complètement perdu. Corey et moi étions déçus, nous voulions plus de succès. Ce fût un cinq, six ans très intense. On avait tellement travaillé, on y avait mis tellement d’amour et de temps, nous voulions que ma carrière explose à 30 ans mais ça ne s’est pas passé comme ça. En même temps, c’était extraordinaire parce que j’ai appris énormément et j’ai vécu des choses incroyables mais j’avais besoin de prendre du recul pour arranger certaines choses dans ma vie personnelle et professionnelle. J’avais besoin de mettre certaines choses au clair avec moi-même pour pouvoir continuer et être heureux.

Comment vas-tu aujourd’hui?

Je vais très bien, je suis très heureux et fier quand je pense à mon parcours. Quand j’ai vendu mon condo à Toronto et que je suis parti en Van à cette époque je me posais beaucoup de questions. Évidemment je vais m’en poser toute ma vie mais la plus importante c’était ‘’Veux-tu continuer à faire de la musique, peu importe ce qu’il va t’arriver dans les prochaines années’’ et j’ai répondu « Oui » ça me stabilise, ça me rend heureux et je ne peux pas la mettre de côté, elle fait partie de moi. Aujourd’hui, je laisse les choses aller, je n’ai pas de but ultime.

C’est vrai que tout a été très vite pour toi, tout de suite après le hockey, tu t’es lancé dans la musique, il t’aura fallu ce temps d’arrêt-là pour faire le point sur ta vie?

Oui, pendant longtemps dans ma vie, je me mettais de la pression, j’avais beaucoup d’attente mon modèle, c’était mon père. J’espérais avoir une carrière comme la tienne mais tu sais, c’est une chance sur combien de pouvoir avoir une carrière comme la tienne! Après, c’était la même chose avec Corey et sa carrière, il était mon modèle. J’ai compris aujourd’hui que je n’ai pas besoin d’avoir une carrière comme ça. J’ai toujours pensé que pour être heureux et avoir la plus belle vie possible, je devais y aller, mais ce n’est pas le cas.

Parlons de My Lullaby

C’est du Jonathan Roy complètement, c’est plus rock et beaucoup plus personnel  

Un jour, j’ai eu une discussion avec mon père et je lui avais dit : Pa, je vais prendre les tounes de Corey et je ne suis pas super à l’aise, j’aimerais mieux que ce soient mes chansons. Mon père m’a répondu ‘’Jo prend les meilleures tounes’’ Félix Gray m’a dit la même chose ‘’Jo si quelqu’un écrit mieux que toi, prend ses tounes’’ Ça m'a trotté dans la tête longtemps, en vérité j’ai compris que pour moi, l’artiste que je suis, j’ai besoin d’écrire mes chansons. Même si ce n’est pas aussi bien écrit que Corey, c’est de ça dont j’ai besoin. Les gens vont trouver aussi que j’ai beaucoup plus d’authenticité maintenant que dans le passé. Il fallait que je passe par là pour y arriver aujourd’hui. J’adore écrire sur mes amis et sur ma famille même si quelquefois, c’est difficile. J’aime ça parce qu’il y a plein de gens qui vivent la même affaire et en même temps quand je réécoute mes chansons ça me permet de repenser à ces moments-là.

Ce qui m’amène à te parler de Lost, parle-moi de l’histoire de cette chanson

Dans cette chanson, il y a plusieurs histoires mais le gros noyau de l’histoire, c’est mon meilleur ami que j’ai amené en désintox . Il a vécu quelques années assez difficiles, beaucoup de problèmes de consommation. C’est moi et une de mes amies qui ont fait l’intervention auprès des parents…

C’était la première fois de ma vie que je vivais quelque chose d’aussi roffe mais en même temps, ça été tellement magique. J’avais perdu mon chum puis juste après un mois on a vu toute la différence. J’ai retrouvé mon chum et je sais qu’il est hyper reconnaissant aujourd’hui et je suis tellement fier de lui car ce n’est pas moi qui ai fait le travail mais c’est lui.

Lost parle de l’amitié qu’on a entre lui et moi et que peu importe ce qui nous attend dans la vie on sera toujours là l'un pour l’autre. Même s’il n’est pas un frère de sang, c’est mon frère.

Ton chum a réagi comment quand il a écouté ta toune?

Il a été surpris, ému. Tu sais quand je suis monté sur la scène à la Casbah la première fois, j’étais en arrière et je ne voulais plus y aller, j’avais presque le goût de vomir tellement j’étais nerveux. Lui, il était à côté de moi et au lieu de me calmer, il était pire que moi. On a vécu des moments magiques ensemble et quand je suis parti à Los Angeles pour essayer d’écrire avec d’autres gens, je pense que j’avais 20 ans, il est venu avec moi. Pendant une grande partie de ma carrière, il était à mes côtés et il m’a donné beaucoup de force. Il me disait tout le temps « Laisse-toi aller Jo » quand ce n’était pas bon, il me le disait. On sait tous les deux, qu’on sera toujours là l’un pour l’autre

Parlons de Keeping Me Alive, 56 millions de vues ce n’est pas rien

56 millions, c’est capoté mais ce qui l’est encore plus, ce sont les milliers de messages que je reçois, les gens me racontent leur vie, ils me disent à quel point mes chansons leur font du bien. Ce sont des gens de tous les âges. Avec Keeping Me Alive, je n’ai pas pensé, est-ce que je vais déplaire, je me suis dit ‘’C’est ça que j’aime, ça vient me toucher, ça me fait du bien et ça me ramène à moi-même’’. Tu sais Lyne, quand on passe à travers des moments difficiles, qu’on en arrache ben quand on s’en sort on est fier. On ne se sent pas invincible mais on a un peu plus de confiance en soi et on sait que s’il nous arrive un autre pépin on va être capable de s’en sortir.

Lilluby est composé de chansons un peu noires mais qui ont beaucoup d’espoir. Se donner la force de ne pas abandonner sur nous-même, de foncer, de prendre soin des gens, d’être capable de se parler, de se connecter entres humains, ce sont ces messages que je voulais véhiculer.

D’hier à aujourd’hui, je vois un jeune homme qui a évolué, qui a travaillé sur lui-même et qui sait maintenant pourquoi il fait ce métier-là!

J’apprécie vraiment ce que tu me dis que j’ai évolué, car j’ai beaucoup travaillé pour m’améliorer comme chanteur mais aussi comme meilleure personne. Je veux faire du bien au monde, je veux faire quelque chose de bien dans ce monde. Je veux laisser de quoi de solide quand je vais mourir. J’ai l’impression d’être parti de loin, je l’apprécie. Je ne crois pas être quelqu’un de très talentueux, je pense que je suis un travaillant qui est aller chercher les outils nécessaires, j’ai eu l'intelligence de bien m’entourer. Tous les êtres humains peuvent faire à peu près tout ce qu’ils veulent, il s’agit de le vouloir vraiment. Il faut juste faire beaucoup de sacrifices, il faut avoir de la discipline.

Parlons discipline, pour jouer au hockey et avec un père comme Patrick ça t’en prenait?

Oui, la discipline dans le hockey m’a tellement aidé dans mon métier. Oui, j’ai eu du fun, oui j’ai fait le party mais je ne suis jamais tombé dans l’excessif comme plusieurs artistes l’ont fait. Le sport m’a aidé à être très discipliné, à travailler fort en équipe et d’être un leader. Je suis heureux et fier d’avoir joué au hockey, il y a beaucoup de traits de caractère que j’ai grâce au hockey.

Quand tu étais jeune, à quoi rêvais-tu à part d’être un joueur de hockey?

Depuis que je suis jeune, j’ai toujours voulu partir en VR avec ma grand-mère maternelle et faire le tour du monde avec elle, je voulais aussi acheter une petite fermette. C'était notre petit rêve à tous les deux. Je ne l’ai pas encore fait avec elle, mais il n’est pas trop tard.

Quand je suis parti avec ma Van, j’avais le goût de me découvrir en tant qu’être humain. Je me connaissais comme joueur de hockey et comme musicien mais comme être humain, je n’avais jamais eu le temps de me connaitre. J’ai habité 3 ans dans ma Van, ma femme venait avec moi de temps en temps. Aujourd’hui, ma femme et moi ont vit dans les Laurentides sur une ferme. Nous avons des chevaux, des poules, des lapins, j’aime tellement ça. Juste être entouré d’animaux ça m’apporte une paix incroyable. Les animaux ne se posent pas de questions, ils sont toujours contents.

Je suis retourné à la base de qui j’étais vraiment. Car tu sais, la vie, c’est une perception, si tu te lèves un matin puis que t’es bourru, tout au long de la journée tu vas voir que le négatif, mais si tu te lèves avec le sourire, tu vas voir juste le positif dans ta journée

Si tu rencontrais le petit gars que tu étais en 2009 qu’est-ce que tu lui dirais?

Je lui dirais de continuer de travailler, que des belles choses s’en viennent pour lui, qu’il faut qu’il croie en lui et qu’il écoute et qu’il s’écoute.

Je n’ai pas beaucoup de qu’est-ce que j’aurais dû faire! Car toutes les petites erreurs que j’ai faites m’ont amené à être qui je suis aujourd’hui, car sans erreur, il n’y a pas de réussite.

As-tu trouvé ça dure la pandémie?

Non, moi j’ai travaillé sur ma maison, je me suis occupé de mes animaux, j’ai un grand terrain, j’avais du temps pour m’occuper, j’étais avec ma femme, nous étions bien. Cependant, si j’avais été dans mon condo au Centre-ville pas capable de sortir après 21 heures, j’aurais trouvé ça difficile. On a été chanceux on a acheté notre fermette la journée du confinement

Si j’avais à te souhaiter quelque chose pour l’avenir ?

D’être heureux, de continuer de bâtir une belle vie avec ma femme et de faire de la musique toute ma vie.

Tes parents doivent être fiers aujourd’hui de l’homme que tu es devenu?

Je pense que oui, mon père m’a beaucoup aidé durant ma carrière. Ma mère aussi, c’est elle qui m’a donné l’amour de la musique, c’est elle qui m’a acheté ma première guitare et mon piano. C’est elle qui me poussait là-dedans. Jamais, je n’aurais pensé un jour faire carrière dans la musique, je n’en reviens pas. C’est certain  quand on est jeune on rêve, mais que j’allais devenir ce que je suis, jamais, je n’aurais pensé.

Je terminerai en disant ben moi oui, je croyais en toi!!!!

Jonathan sera en spectacle au Festival d’été le vendredi 16 juillet à 18h30

https://www.feq.ca/Programmation/Artistes/502/Jonathan-Roy

Pour plus d’informations

https://jonathanroyofficial.com/

Lyne LaRoche

Les consignes sanitaires ont toutes été respectées