Entrevue avec Laurence Jalbert - 02 janvier 2019

Entrevue avec Laurence Jalbert

Au pays de Nana Mouskouri

Cette semaine j’ai eu la chance de rencontrer une femme authentique au grand cœur la talentueuse Laurence Jalbert. Dès les premières minutes la chimie a opérée. À quelques reprises ont a bifurqué, on a ri, on a pleuré, croyez-moi, je ne l’oublierai jamais.

C’est au restaurant Il Teatro du Capitole de Québec que j’avais rendez-vous avec elle afin de parler de son nouvel album Au pays de Nana Mouskouri.

Lyne : Tout d’abord comment vas-tu?

Laurence:Je vais super bien, je suis en forme.

Lyne : Parlons de ton nouvel album Au pays de Nana paraitrait-il que tu as dit oui tout de suite à ce projet

Laurence : Oh que oui! Ça fait des années que je travaille avec Mario sur des projets de concepts comme Quand le country dit bonjour, Album de Roger Wittaker, la tournée et l’album Les incontournables. Dans ces projets, j’interprétais une ou deux chansons d’un artiste et c’était tout. Car dans ce genre de concepts on peut y mettre notre couleur dans l’interprétation mais comme il y a plusieurs artistes aux niveaux des arrangements on ne peut pas vraiment.

Mais là, je me gâte car c’est le répertoire complet de Nana dans mon enveloppe sonore à moi. Alors j’ai dit oui, tout de suite, il fallait que ce soit moi qui fasse cet album. Le but n’est pas de chanter comme elle car de toute façon je n’ai pas la même voix qu’elle. Comme dit Mario, ‘’Ça ne sert à rien de faire les chansons pareilles car elles sont déjà faites’’ Ce qu’il faut c’est remettre ces chansons-là à jour pour que le public les redécouvre. Nana Mouskouri pour moi fait partie de mon ADN de par ma maman. Tu sais, c’est extraordinaire ce que cette femme-là m’a appris parce qu’elle passait par ma mère qui chantait ces chansons. Je ne peux pas penser à Nana une seule seconde sans voir ma mère avec son tablier dans la cuisine chanter Dans le soleil et dans le vent. Le but c’est d’interpréter ces chansons avec tout le respect du monde et de ne pas les dénaturer.

Lyne : Comment ce projet est arrivé jusqu’à toi?

Laurence : Je parlais au téléphone avec mon agent et juste avant de raccrocher il me dit ‘’Sais-tu quoi, Mario a un nouveau projet mais je comprends plus ou moins, parce que moi, Nana Mouskouri, je ne l’ai pas connu tant que ça’’ J’ai dit quoi ! Viens-tu de me dire Nana Mouskouri? il me répond ‘’Oui mais il me semble que Nana Mouskouri ce n’est pas trop connue…. Et là, je lui dis ‘’Il faut que ça soit moi qui fasse ce projet-là, tape dans google Nana Mouskouri, nomme-moi une toune pis je vais te la chanter du début jusqu’à la fin. Il me dit ‘’Es-tu sérieuse? je vais appeler Mario’’. Ça pris 5 minutes, le téléphone a sonné et Mario m’a dit ‘’Quelle bonne idée ! À partir de ce moment-là tout a déboulé, le choix des chansons, quand on rentre en studio, et voilà ça donne notre rencontre d’aujourd’hui à parler de cet album-là. Avec une équipe incroyable et les efforts de Mario Pelchat car je tiens à le dire, il est le seul à comprendre que pour que les gens sachent qu’un projet existe, qu’un album vient de sortir pour que le public puisse aller l’acheter, il faut en parler. On appelle ça du marketing et de la promotion. Avec Mario ce n’est pas on va chercher une subvention, tu fais un album, une petite tape dans le dos une petite pub à la tv, puis après plus rien. Non, ce n’est pas comme ça que ça se passe avec lui. Tu n’as qu’à regarder la pochette de l’album, elle est magnifique toute veloutée. La pub télé a été tournée une belle longue journée. Mario ça lui coûte de l’argent mais ses projets fonctionnent. Il faudrait que tout le monde fonctionne comme ça. Si on veut que notre chanson francophone reste la tête en dehors de l’eau, il faut que les gens arrêtent d’aller chercher des subventions, la mettre dans leur poche puis se servir d’un artiste pour faire des guilis guilis! Moi j’en ai ras le bol de voir ça. Alors, je n’ai pas vraiment besoin de te dire à quel point, je suis contente de faire partie de cette belle gang là avec Mario. Comme nous avons tous le même agent et que nous sommes une grande famille, Mario, Paul Daraiches, Maxime Landry et Annie Blanchard ont tous chanté avec moi. Jusqu’à la fin de l’enregistrement je flottais sur un nuage, moi qui ne voulais plus sortir d’album.

Lyne : Est-ce que c’est une des raisons, qui fait en sorte que tu as arrêté d’écrire des chansons?

Laurence : C’est certain que ça atténue le goût, mais j’écris des livres. Des fois, je m’installe je viens d’avoir un beau flash, pour écrire une chanson et ça s’arrête-là. On veut bien se battre contre des moulins à vent. Tu sais Lyne, j’ai deux enfants et six petits-enfants, est-ce que je mets mes efforts à me battre pour faire de la musique et pour faire passer mes chansons! Je vais dire comme l’autre le temps qu’il me reste, je veux le passer avec ma famille, mes enfants, mes petits et non pour faire passer mes tounes. C’est certain que j’ai des chansons qui ont tourné à la radio, c’est ce qui m’a fait connaitre et que les gens se déplacent pour venir à mes spectacles. Je n’ai pas de reproches à faire à qui que ce soit mais les radios, les diffuseurs de spectacles, les maisons de disques, aidez-nous à vous aider, on veut tellement que tous les projets rayonnent. Ce n’est pas une question de ‘’J’en ai vendu plus que toi et se péter les bretelles’’ Aidez-nous à garder notre langue vivante et notre milieu artistique de la chanson francophone vivante. Restons en équipe parce qu’en ce moment on ne travaille pas en équipe, c’est un non-sens.

Lyne : D’habitude avec un nouvel album vient une tournée. Alors dis-moi est-ce que la tournée va s’appeler Au pays de Nana et de Laurence? Est-ce que le spectacle sera teinté de ce nouvel album mais aussi de tes grands succès.

Laurence : C’est quasi impossible pour moi de faire un show sans faire quelques-unes de mes chansons. Oui, c’est certain que nos deux univers vont s’entrecroiser.

Lyne : Je ne me trompe pas quand je dis que tu adores faire de la scène que ça te permet de rencontrer des gens?

Laurence : Je suis une passionnée des tournées car ça me permet d’être en contact direct avec le public. Cette semaine, j’ai fait cinq spectacles et ça me nourrit. La seule chose je m’ennuie DE mes petits- enfants.

Lyne : Sur ton nouvel opus, y a-t-il une chanson que tu affectionne particulièrement

Laurence : Oui, La vague, j’ai une anecdote à te raconter. Quand j’étais petite ma mère me la chantait. Je l’ai chanté à mes enfants et aujourd’hui, je la chante à mes petits-enfants. Jamais au grand jamais, je dis à mes petits-enfants ‘’Mamie passe à la télé ce soir, non quand je suis avec eux, je suis leur grand-mère. Mais quand j’ai fait l’album de Nana, un soir je leur ai dit mamie va vous faire écouter quelque chose. Alors, je leur ai fait écouter La vague et ils m’ont dit ‘’Mamie c’est notre chanson’’

Lyne : À ce moment-là, elle et moi sommes devenues très émotives, les larmes aux yeux. L’amour de ses petits vaut tout l’or du monde, je l’ai ressenti tellement fort. C’est une vraie mamie.

Lyne : Dis-moi si je me trompe, cet album c’est autant un hommage à Nana qu’à ta mère?

Laurence : Oui, ma mère était avec moi tout le long en studio, j’avais même amené sa photo. Pendant tout le processus elle était avec moi, donc cet album, c’est elle et moi.

Lyne : Est-ce qu’elle a eu le temps avant de partir de voir comment ta carrière était fleurissante?

Laurence : Oui, voici une autre anecdote. Tu sais j’avais 15 ans et un claviériste m’a entendu chanter dans un bar et il m’a dit : T’en viens-tu avec nous autre demain on va faire une tournée? Je suis arrivé dans la nuit, j’ai annoncé ca à mes parents, on a braillés toute la nuit et ils m’ont laissé partir. Ma mère qui était judéo-chrétienne m’a mis le seul et l’unique 50$ qui lui restait dans ma poche et elle n’a pas dit un mot. Je sais que ce geste-là de confiance ultime que ma mère m’a accordé a déterminé tout le reste de ma vie et de ma carrière. Combien y a de gens qui disent ‘’Moi mes parents ne voulaient pas, moi non plus ils ne voulaient pas, mais ils savaient que s’ils ne me laissaient pas partir que j’allais mourir. Ils le savaient, ils ne me l’ont jamais dit, mais ils le savaient. Moi, une carrière je n’en avais rien à foutre, j’ai toujours été une passionnée, je ne suis pas du tout carriériste, je devais juste aller en direction de cette passion, s’ils m’avaient bloqué là-dedans, je serais morte.

Lyne : Parle-moi de ton deuxième livre qui sortira en novembre prochain?

Laurence : Les principes, les valeurs, les synchronicités avec des situations en exemple qui me sont arrivées ou qui sont arrivés aux autres. Il ne me reste que quelques corrections à faire mais je termine sous peu. Il sort le 7 novembre prochain. Ce n’est pas une recette pour rebondir mais juste comment on trouve l’espoir, de quel côté tourner la tête quand arrive le temps de voir la lumière. En tous cas moi ça m’a servi en svp.

Lyne : Laurence si j’avais quelque chose à te souhaiter pour le futur?

Laurence : C’est certain la santé, c’est la seule chose que je demande. La santé va me permettre de faire des shows, de la musique, de chanter La vague à mes petits, le plus vieux a 13 ans, il faut que je me dépêche à lui chanter encore quelques fois. La santé va me permettre de faire tout ça.

Bilan de mon entrevue

En plus d’être une artiste de grand talent, j’ai découvert aujourd’hui une femme, une mamie d’une authenticité incroyable. Elle donne aux gens ce qu’elle aimerait recevoir, de l’amour et des sourires. On sait tous que le pire existe, on le vit souvent le pire et Dieu sait qu’elle ne l’a pas eu facile, mais Laurence Jalbert inspire le mieux et le beau à travers ces chansons et sa personnalité.

Savez-vous? Je l’adore

Merci Laurence pour ce magnifique moment!

L’album Au pays de Nana est en vente partout.

La sortie de son deuxième livre est prévue pour le 7 novembre prochain

Elle est en tournée un peu partout surveillez son passage

Lyne LaRoche