Mon ami Walib - 02 janvier 2019
Mon ami Walid, un bijou bipolaire
Tourner un long métrage sans subvention ni producteur tient du miracle. C’est pourtant le tour de force qu’on réussit d’Adib Alkhalidey et Julien Lacroix. Un budget total de 150 000$ dont 80 000$ amassés via une campagne de socio-financement sur le web. 753 généreux contributeurs, dont quelques-uns étaient présents dans la salle, ont fourni cette somme que l’on peut qualifier de microscopique en comparaison avec les budgets habituellement consentis pour les productions québécoises.
Walid, un caissier d’épicerie dépressif veut s'enlever la vie. Antonin, son collègue « différent » lui sauve la vie. Walid voudrait bien retrouver la quiétude de la solitude mais Antonin voit les choses autrement. Il s’assure de protéger son nouveau meilleur ami. Au grand dam de Walid, ils deviennent alors inséparables.
Dans une suite de scènes cocasses Antonin (Lacroix) suit pas à pas son ami Walid (Alkhalidey) et tente de lui faire retrouver le chemin du bonheur. Guy Jodoin est admirable dans son rôle du gérant d’épicerie à la gestion et aux habitudes un peu particulières. Que dire de Christian Bégin dans le rôle d’un gourou dont la thérapie prend une drôle de tournure. Adib Alkhalidey et Julien Lacroix sont aussi très bons dans leurs rôles. Plusieurs comédiens vedettes feront des apparitions dans des rôles secondaires.
Ce film à petit budget a habilement été réalisé par Alkhalidey. En 73 petites minutes, lui et Lacroix nous transporteront au cœur d’une caricature du malheur. Walid a beau faire la rencontre de vraies machines à joie, rien ne fonctionne.
Après nous avoir fait rire à travers tensions et malaises, Antonin (Lacroix) nous amène dans l’aile psychiatrique dans une scène troublante.
Les deux comparses nous laisseront dans une finale qui porte à la réflexion. Sans bruler le punch, ce film, où la métaphore est omniprésente, nous conduit au cœur de la maladie mentale à travers la solitude qui habite les gens différents, qui habite tant de gens.
Ce film est un pur bonheur. Un bijou que l’on se plait de regarder pour sa comédie mais que l’on veut revoir pour comprendre l’immensité du drame que vivent ses personnages.
Consultez le www.monamiwalid.ca pour connaitre l’horaire et l’endroit où vous pourrez savourer se film. Adib Alkhalidey et Julien Lacroix, qui sont venus répondre aux questions du public après la projection, nous ont confirmé que leur film sera prochainement présenté dans deux salles au cinéma Le Clap.
Claude Gignac