Guylaine Tanguay 2e partie - 02 janvier 2018

2e partie

On a tous une histoire à conter

Mais si elle peut aider

Guylaine Tanguay = Transparence

 

Lyne : Parlons maintenant de ton livre La ligne droite

Guylaine : Ça c’est drôle, dans la même semaine, j’ai reçu deux demandes, de deux maisons d’éditions différentes, me demandant si je voulais raconter mon histoire en me disant’’ Nous avons entendu des entrevues que tu as faites et nous aimons ton côté positif à travers toutes les choses difficiles que tu as vécues et ça pourrait être intéressant ‘’

J’ai dit à mon conjoint Carl, ‘’Ben voyons donc, c’est pas intéressant pour les gens, ma vie n’est pas exceptionnelle, y a des gens qui ont vécu ben pire que moi’’ Mais, Johanne Guay est revenue à la source et m’a dit ‘’Tu sais Guylaine, quand tu racontes les affaires, toi tu penses que ça ne nous intéresse pas mais oui, car tu as une vie qui n’est pas simple. On te regarde aller, et tout semble facile pour toi, mais en arrière de ça, il y a beaucoup d’affaires cachées. Faudrait que tu en parles c’est intéressant’’ J’ai dit’’ Je vais le faire, mais il faut qu’il en ressorte quelque chose de positif. Je ne veux pas que ça soit lourd comme livre, je ne veux pas faire pitié, car je ne fais pas pitié. Elle m’a dit ‘’Aucun problème’’

On a demandé à quelqu’un de le faire pour moi, puis dès la lecture des premières pages on s’est vite rendu compte que je triais mes mots quand je racontais les choses. Quand j’expliquais les affaires, pour ne pas aller trop dans le profond, dans le difficile. Alors ce que je lisais ce n’était pas moi. Les mots utilisés, ce n’était pas moi, je parle comme je parle, donc il fallait que ça se lise et que ça me ressemble. Bien sûr on le corrige pour que le français soit impeccable, mais il ne fallait pas que je transforme ma façon de m’exprimer. Alors je lui ai dit’’ Johanne je vais t’écrire quelques pages et trouve-moi quelqu’un qui est capable d’écrire comme ça’’ Puis après l’avoir lu, elle m’a dit ‘’ J’ai trouvé quelqu’un et c’est toi, faut que tu l’écrives’’

Elle était avec son amie Jeannette Bertrand en Floride quand je lui ai envoyé mes pages et elle m’a dit qu’elle avait fait lire ça Jeannette et qu’elle avait dit ‘’C’est elle qui doit l’écrire son histoire’’ Alors, je me suis dit ok, je vais me faire confiance, mais quand?

Nous étions sur un bateau Carl et moi car je chantais sur une croisière puis j’ai dit à Carl ‘’Ca me stresse quand est-ce que je vais trouver le temps d’écrire ce livre ?’’ et il m’a dit ‘’Là arrête de stresser on va te faire un horaire’’ Comme je suis une fille très disciplinée et que je respecte toujours mes horaires, je ne remets jamais rien à demain, alors on se fait un horaire. On a décortiqué mon horaire très déjà compliqué, on a essayé des fois c’était une heure, des fois deux heures, des fois c’était 3-4 heures d’écriture, puis j’ai toujours respecté ces horaires-là. Il y a des jours, j’arrivais chez-moi fatiguée et Carl me disait ‘’Oublie pas t’as deux heures à faire’’ et je lui disais’’ Je le sais’’.

Puis le livre est sorti, j’ai réussi puis en même temps ce fût presqu’un thérapie. Je n’en ai jamais faite, puis je n’ai jamais voulu rentrer là-dedans. D’écrire un livre, c’est quelque chose de particulier. Parce que quand je racontais des affaires qui m’avaient faite mal, on dirait que je les racontais mais toujours en riant un peu. Puis en disant, il y a des gens qui sont ben pires. Mais quand tu écris ton histoire, si tu veux que les gens soit capable de le lire puis d’embarquer dedans pour vrai, il faut que tu la raconte comme il faut. Si la pièce était sombre et que ça sentait telle affaire, faut que tu le décrives. En le faisant ça vient te chercher, veut, veut pas ça te ramène la dedans, tu le revis, donc c’était très difficile mais en même temps ça fait du bien. Ça règle les choses.

Moi je pensais dans ma vie d’avoir été capable de tasser pleins de choses, puis dire ok ça ça existe plus, c’est du passé. Mais ça reste toujours en dedans de toi. Mais là, j’ai été capable de le sortir et de dire ‘’ Ceux qui sont autour de moi, qui ne sont pas bien avec ça ben, ils feront leur chemin à eux. Le mien, il est fait. Ça fait plus de quarante ans que je vis avec ça, puis que ça me fait mal, j’ai fait ma part, à vous maintenant de faire votre bout de chemin’ ’Par contre avant, j’ai parlé à ma mère et à mes deux frères car ce sont les personnes les plus proches de moi concernés intimement, puis je leur ai dit ‘’Si vous ne voulez pas, je ne le ferai pas, mais si vous me dites que vous autres vous êtes capables de vivre avec ça, je vais le faire puis si vous voulez le lire vous le lirez sinon je ne vous oblige pas. On est ensemble, nous nous aimons déjà tout est pardonné, ce chemin-là, il est fait’’ Mes deux frères ne l’ont pas encore lu et je respecte ça. Ils ne sont pas obligés de le lire. Ma mère l’a lu, je pense quatre fois.

Donc, ce livre-là a été pour moi une longue étape mais je suis contente de l’avoir fait, ne serait-ce que pour donner l’exemple à mes filles. Moi je suis toujours là à prôner que la vie est belle et qu’il faut toujours être positif. Mais, il faut dire les vraies choses et pourtant moi ces choses- là, je ne l’ai avait jamais dites. Mes filles ne savaient pas le quart de mon histoire. Dans la vie, il faut savoir d’où notre mère vient, il faut savoir pourquoi des fois elle est triste, pourquoi quelquefois elle a de la misère à vivre une telle situation, faut savoir les blessures qu’elle a eu, nous ne sommes pas parfaits.

Quand j’ai commencé à être une mère ce n’était pas écrit maintenant vous êtes parfaite et vous ne ferez plus jamais aucune erreur. Je ne pense pas que personne ne puisse se vanter de cela.

Lyne : Quel âge ont tes filles

Guylaine : Marilyne celle qui est partie va avoir 26 ans en décembre. Mélissa a eu 23 ans et Marie-Pier 18 ans. Il m’en reste deux à la maison et je suis contente car ça fait de la vie quand j’arrive à la maison. C’est leur maison à vie.

Lyne : Tes filles doivent être fières de toi!

Guylaine : Oui, elles sont fières puis en même temps, c’est drôle mais on dirait qu’elles prennent cela comme une leçon. Elles se disent notre mère a tellement travaillé fort mais elle nous a tout le temps dit qu’elle ne travaillait pas pour être connue, qu’elle ne travaillait pas pour l’argent. Tu sais Lyne, c’est vrai, car il y a eu des années, il n’y en avait pas, il y avait juste le bonheur de chanter. Les filles l’ont vu, elles en ont eu connaissance de ça et maintenant qu’il m’arrive pleins de belles affaires, elles se disent elle n’est pas plus heureuse qu’avant. Elles savent que je le faisais pour les bonnes raisons. Je trouve que c’est important, il ne faut pas travailler pour la gloire, parce que la gloire des fois ça peut être éphémère. Pendant 25 ou 30 ans tu en arrache, puis un jour il y a un peu de gloire, il faut savoir que la gloire, tu ne la traine pas partout, t’as besoin d’être solide, d’avoir un équilibre, puis mes filles, c’est mon équilibre. Ma vie à la maison est aussi importante que la musique. J’ai besoin de tout ça.

Lyne : La suite demain, avec la sortie de son album et du spectacle 3764 Elvis Presley BLVD et de son album et du spectacle qu’elle présentera au Centre Vidéotron Que les fêtes commencent.

Lyne LaRoche