Trainspotting - 02 janvier 2013

 

Trainspotting à Premier Acte : Plonger dans l’enfer de la drogue

La pièce de théâtre Trainspotting, mise en scène par Marie-Hélène Gendreau, et présentée jusqu’au 27 avril à Premier Acte est un bijou théâtral. Les performances des comédiens, le sujet, le respect du livre et du film donne à cette pièce une puissance émotionnelle sans faille, on embarque dans leurs vies et on voudrait pouvoir les aider. On voit le milieu de vie des junkies, on sent leurs blessures, leurs malheurs et leurs manques. La mort gravite autour d’eux et on voit leurs descentes aux enfers du manque et de l’héroïne.

Le texte original vient du livre d’Irvine Welsh, mais il a connu un plus grand public grâce au film de Danny Boyle, sorti en 1993, qui a fait connaître Ewan McGregor. Le livre et le film ont été adaptés pour le théâtre par Wadji Mouawad et Martin Bowman.

Trainspotting, c’est l’histoire de quatre gars et d’une fille. Mark Renton (Lucien Ratio), au chômage comme la plupart des jeunes écossais de sa génération, traîne avec ses copains d’enfance, tous paumés et accros à toutes sortes de drogues. Il y a Sick Boy (Charles-Étienne Beaulne), un cinéphile tombeur de filles, Begbie (aussi interprété par Charles-Étienne Beaulne), un dangereux désaxé cherchant toujours la bagarre, Tommy (Jean-Pierre Cloutier), un adepte de la musculation, et Alison (Claude Breton-Potvin), la copine de Sick Boy, qui tente de concilier sa dépendance avec son rôle de mère.

La pièce est d’actualité puisqu’elle met en lumière un sujet brûlant à Québec: l’ouverture d’un centre d’injection supervisé. D’ailleurs, après le spectacle ce jeudi 11 avril, il y aura un débat-causerie avec Mario Gagnon, directeur général de Point de repères, un organisme communautaire qui aide les personnes toxicomanes et celles aux prises avec des ITSS, en plus de faire de la prévention et de la promotion de la santé.

La mise en scène de Marie-Hélène Gendreau est sublime. Les déplacements sont rapides, il y a des éléments de décors comme des grilles, une toilette sale, du gravier et les comédiens qui utilisent tous ces éléments, qui vivent dans ces lieux, on sent la pauvreté, la douleur, le manque. On croirait être devant un film tant tout est réel, tout est magnifiquement reproduit.

Tous les comédiens de la pièce sont exceptionnels. Ils touchent, nous font rire, pleurer. On embarque parfaitement dans chacun de leurs personnages. On se sent véritablement témoin de leur décadence et ça donne froid dans le dos. À noter, la performance stupéfiante de Claude Breton-Potvin jouant Alison dans un bad trip suite à la mort de sa fille et de Lucien Ratio jouant un Mark Renton réaliste avec tout son corps envahi par la drogue, on voit ses yeux partir, son corps se crisper. Bref, des performances très physiques.

Une pièce de théâtre à voir absolument, mais pour yeux et oreilles avertis. 

Production : Collectif FIX

Texte : Irvine Welsh

Traduction et adaptation : Wajdi Mouawad

Mise en scène : Marie-Hélène Gendreau

Décor et Éclairage : Jean-François Labbé

Costume et accessoire : Karine Mecteau Bouchard

Environnement sonore : Philip Larouche

Distribution : Claude Breton-Potvin, Charles-Étienne Beaulne, Jean-Pierre Cloutier, Lucien Ratio

www.premieracte.ca

Valérie Côté