Jamais lu - 20 avril 2011
Festival du Jamais Lu (17 novembre 2011)
Des textes théâtraux qui ont du mordant
Bar-Coop L’AgitéE
Depuis 10 ans, le Festival du Jamais Lu a lieu à Montréal. Anne-Marie Olivier et Marcelle Dubois ont eu envie de créer le même festival pour les gens de la Capitale. Une réussite assurément, il y a du talent à Québec.
La première journée du festival proposait L’accélérateur de particules, une première sortie publique pour œuvre en évolution. Cinq dramaturges sont venus y présentés un extrait de 20 minutes de leur nouveau projet de pièce de théâtre.
La première à casser la glace fût Édith Patenaude avec sa pièce Le monde est différent. Deux voix se lèvent, deux comédiens prennent le public en otage pour présenter leur indignation face à ce qui les entoure. Il y a de nombreuses références de théâtre dans le théâtre comme si ces comédiens racontaient leurs vies de comédiens de théâtre et ce qui les désolent et les horripilent. Il sera intéressant de voir où la pièce d’Édith Patenaude nous amènera. À suivre.
La deuxième pièce présentée fût Slush de Érika Soucy. Inspirée de Britannicus de Jean Racine, on se retrouve dans un petit patelin du Québec où un père et sa fille de 17 ans tienne un relais de ski-doo. La mère est partie, la gérante de la place, avec un autre homme et ils recherchent une nouvelle gérante. Claude, le père, rappelle son ex, Ruth, pour le poste qui revient avec son fils gai s’installer avec eux. Un récit mordant, souvent drôle, qui sera sûrement capter l’attention du public. Un de mes trois coups de cœur de la soirée.
La troisième pièce présentée est Frères : la beauté et le sang de Steve Gagnon. Également librement adaptée de Britannicus de Jean Racine, cette pièce présente deux frères, propriétaire d’un royaume, l’un d’une grande beauté, l’autre un peu moins beau et les tentatives du second frère de ravir la beauté et la femme de son frère. La mère trône entre les deux mettant de la pression sur les femmes pour combler tous les désirs de ses fils. Des répliques corrosives, un style tout en subtilité. Mon deuxième coup de cœur de la soirée.
La quatrième pièce était celle de Joëlle Bond intitulée Le dos de la jaquette. Magnifiquement mise en lecture par Mary-Lee Picknell-Tremblay, cette pièce vraiment touchante présente un long monologue d’une fille en littérature qui travaille dans le casse-croûte familial. On découvre peu à peu son vie comme si on lisait son journal intime : sa mère qui se remarie, sa sœur qui a été frappée par une automobile orange brûlée. De nombreuses références aux années 1990 parsèment la pièce et la rend encore plus intéressante. Mon troisième coup de cœur de la soirée et certes, la pièce qui m’a le plus touchée.
La dernière pièce présentée est celle de Jocelyn Pelletier intitulée Les racines au fond de ma gorge. Un intense monologue sur l’intolérance, sur les différences qui bouscule, déstabilisent complètement. Présenté devant une caméra, on y perçoit chacune des émotions avec une puissance sans pareille. Un texte qui ne se résume pas facilement, mais il sera intéressant de voir l’évolution de cette pièce qui saura assurément déstabiliser les spectateurs.
Ce soir, le 18 novembre, deux événements se déroulent : Olivier reçoit, une discussion ouverte sur la place de l’auteur dramatique dans sa Cité dans le 5 À 7 et le Cabaret Corrosif, une soirée littéraire qui écorche. C’est un rendez-vous avec les voies émergentes du théâtre de Québec.
Le 5 à 7 est gratuit, le Cabaret est au coût de 10$.
Valérie Côté
Festival du Jamais Lu (18 novembre 2011)
Textes corrosifs, mais plaisirs assurés
Pour la deuxième soirée du Festival du Jamais Lu, Olivier Lépine recevait cinq auteurs dramatiques en formule 5 à 7 soit : Sarah Berthiaume, Daniel Danis, Alexandre Fecteau, Isabelle Hubert et Christian Lapointe, pour parler de leurs places dans la Cité. Les cinq comparses ont discuté de la société comme moteur d’inspiration, du public de leurs pièces et du théâtre en général.
Dès 20h, c’est dans la salle de l’AgitéE, pleine à craquer, que le public était invité à découvrir des textes qui bousculaient dans le Cabaret Corrosif. Toute la soirée des textes fabuleux ont été livrés : théâtre, poésie, slam, manifeste, tout était admis à la condition qu’ils ne soient par inoffensifs. La mise en scène et l’animation a été réalisée de main de maître par Anne-Marie Olivier et Marie-Josée Bastien. Les textes étaient lus et livrés par trois comédiens : Charles-Étienne Beaulne, Simon Lepage et Véronika Makdissi-Warren et le Dj Christian Michaud agrémentait le tout de musique.
La soirée a débuté par le texte d’Olivier Choinière, l’administration nous ronge, un texte sur les subventions et autres paperasses que les auteurs doivent remplir. Le deuxième texte a été le drôle et incisif texte de Catherine Léger où elle expliquait qu’elle était une « plotte à tire». Ce fût suivi d’un texte très poétique sur la solitude et l’hiver écrit et interprété par Christian Lapointe. Un de mes coups de cœur de la soirée a été le texte du journaliste David Desjardins, du journal Voir. Un texte percutant tout comme ses chroniques. Ensuite, Sarah Berthiaume, présentait les différentes conceptions du mot salope, un texte à la fois drôle et qui fait réfléchir. Isabelle Hubert a pour sa part écrit un texte de théâtre sur une interview à la radio où les animateurs tentent de détruire les artistes et cette destruction se retourne contre eux. Après une entracte, le public a eu droit à un texte poétique de Daniel Danis sur nos origines. Ensuite, Emmanuelle Jimenez présentait un texte sur vivre du théâtre et la vision des autres. Ensuite, le texte d’Alexandre Fecteau parlait de l’argent, un manque pour beaucoup de personnes en théâtre. Puis, Philippe Ducros nous présentait Wendy Windex, un texte où la sexualité est à son paroxysme. La soirée se terminait sur le texte de Fabien Cloutier sur le théâtre, les théâtreux et les autres.
Bref, si vous avez manqué cette soirée, je vous conseille fortement de surveiller celle de l’année prochaine, car les directrices générales, Anne-Marie Olivier et Marcelle Dubois, ont montré qu’il est essentiel d’avoir un Festival du Jamais Lu à Québec.
Valérie Côté