La déraison - 20 avril 2011
La déraison d’amour
Une livraison exceptionnelle
Mille pages de notre passé. Mille pages de Marie Guyart, de Marie-De-L’Incarnation, de l’écrivaine, de la passionnée, de l’amoureuse. Mille pages de la Nouvelle-France, des milliers de lettres, des millions de pas vers les autres et La déraison d’amour.
La déraison d’amour, c’est l’histoire de cette dame immigrée de France qui deviendra la fondatrice du couvent des Ursulines à Québec. Cette pièce de théâtre, un récit écrit par le cinéaste Jean-Daniel Lafond avec la participation de Marie Tifo, est inspiré de quelques unes des 7000 lettres écrites par Marie Guyart depuis la Nouvelle-France, souvent pour son fils Claude, resté en France.
Marie Tifo tient le rôle du seul et unique personnage de cette pièce. Une prestation magistrale. Elle nous démontre toute la maîtrise de son métier. Une performance extraordinaire, tenant le public captif du début à la fin. Une livraison exceptionnelle et exténuante. Tellement que la comédienne, qui semblait affligée par le rhume ou la grippe, a due être escortée hors de la scène après son salut, sous les applaudissements nourris du public épaté mais un peu inquiet.
La mise en scène, signée Lorraine Pintal, est très efficace. La comédienne se promène et danse sur une scène circulaire entourée d’un voilage blanc. Le plancher ondulant sert, entre-autre, à reproduire les eaux troubles de la traversée vers le Canada. Une musique aux accents modernes vient appuyer finement le jeu de la comédienne.
Elle nous raconte sa vie, depuis sa jeunesse à Tours, la naissance de son fils et la mort de son mari alors qu’elle n’a que 19 ans. Par sa passion et son amour infini pour Dieu, elle nous relate la grande traversée, sa rencontre avec les Amérindiens, le grand incendie de 1663, ses révoltes, ses confidences, jusqu’à sa mort à Québec en 1672.
Le récit d’une aventurière, follement et déraisonnablement amoureuse de Dieu. A voir si l’occasion se présente, ne serait-ce que pour le jeu de la grande Marie Tifo.
Claude Gignac