Dévadé - 06 janvier 2013

Dévadé au Théâtre de la Bordée : plongeon dans les gouffres des sentiments humains

Les personnages du roman de Dévadé de Réjean Ducharme fouleront les planches du Théâtre de la Bordée jusqu’au 12 octobre 2013 grâce à une magnifique adaptation de Marianne Marceau, mise en scène par Frédéric Dubois. Un bijou de pièce à ne pas manquer, on y retrouve une incursion dans la vie de ces personnages grouillant de réalité souvent marginaux, mais combien attachants, propre aux textes de Ducharme.

Dans un quartier assez pauvre de Montréal, il y a cinq personnes qui forment un pentagone amoureux et sexuel des plus compliqués. Il y a la patronne (Sylvie Cantin), une femme en chaise roulante, issue de la haute société, qui rêve de tendresse, d'amitié, de sexe et de Bottom (Hugues Frenette), celui qui l’aide avec ses tâches quotidiennes dont le bain ou l’aider à remarcher; Bottom lui, rêve d'un amour impossible avec Juba (Véronique Côté), une femme aux mœurs légères, mais qui, elle, rêve d'être en couple avec son amant Bruno (Eliot Laprise) par qui elle est délaissée; Bruno, lui, rêve de partir aux États-Unis pour y trouver la liberté avec une junkie qu’il a rencontré. Et finalement Nicole (Marianne Marceau), une toxicomane, qui se noie avec Bottom dans une relation sexuelle autodestructrice. Tous les destins des personnages sont entrecroisés, l’alcool et le sexe coulent à flot dans ces élans de pulsions propres aux personnages de Ducharme.

La mise en scène de Frédéric Dubois propose une scène dépouillée avec un bain, de la neige présente tout au long de la pièce qui présente bien la réalité québécoise et des chaises qui se superposent pour former les deux balcons : ceux de Juba et de Nicole, habitant une au-dessus de l’autre. Le focus est mis sur les personnages, leurs interactions, leurs dialogues et c’est très efficace. Les moments forts de la pièce sont souvent issus de ces confrontations entre Bottom et les autres personnages. D’ailleurs, Hugues Frenette dans son rôle de Bottom est tout simplement génial et très efficace. La pièce le rend le centre de l’attention et il porte magnifiquement ce rôle. Il est à la fois drôle et simple, perdu et bien présent. On se retrouve dans ses réflexions, dans ses peurs, dans ses pulsions. Vraiment un magnifique rôle pour un grand comédien. Il y a aussi Sylvie Cantin qui réussit magnifiquement à jouer la patronne en rendant bien la différence de classe sociale de son personnage d’avec les autres de la pièce. Elle campe magnifiquement les détresses d’une personne confinée à une chaise roulante à la suite d’un accident et son désir de remarcher, mais également de vivre ses passions, ses désirs sexuels. Véronique Côté, Eliot Laprise ainsi que Marianne Marceau ont su aussi bien camper leurs personnages. Marianne Marceau, malgré son plus petit rôle, a su magnifiquement rendre son rôle de toxicomane avide de sexe.

En fait, Dévadé est une pièce captivante qui vaut le déplacement. Une pièce moderne où l’on voit bien la réalité québécoise et ses aléas. Un bijou de pièce à voir avant le 12 octobre au Théâtre de la Bordée à 19h30.

Texte : Réjean Ducharme

Adaptation : Marianne Marceau

Mise en scène : Frédéric Dubois

Avec

La patronne : Sylvie Cantin

Juba : Véronique Côté

Bottom : Hugues Frenette

Bruno : Eliot Laprise

Nicole : Marianne Marceau

Conception

Assistance à la mise en scène : Caroline Martin

Décor : Marie-Renée Bourget Harvey

Effets visuels : Pierre L’Heureux

Costumes : Virginie Leclerc

Musique : Frédéric Brunet

Éclairages : Denis Guérette

Maquillages : Vanessa Cadrin

Coiffures : Dany Lessard

 

Valérie Côté