Premier Acte - 31 janvier 2012
En attendant Gaudreault précédé de Ta yeule Kathleen (31 janvier 2012)
Crier sa solitude
Les trois personnages de la pièce En attendant Gaudreault sont déjà installés sur scène dès l’arrivée des spectateurs. À l’extinction des lumières, deux d’entre eux vont s’asseoir pendant le monologue de Marie-Hélène Gosselin qui interprète Lynn, la mère monoparentale qui en a assez d’entendre sa Kathleen âgée de 2 mois brailler continuellement dans la première courte pièce Ta yeule Kathleen. On entre ainsi dans son univers où elle crie contre son bébé qui l’empêche de vivre sa vie. Elle n’en peut plus et décide, après une recherche de gardienne infructueuse, de partir en laissant Kathleen seule à la maison afin d’aller veiller dans un bar jusqu’à ce qu’elle réalise que c’est son bébé la personne la plus importante dans sa vie. Les émotions se bousculent, on oscille entre rire et pleurer tant le mal de vivre et la douleur émerge de cette mère qui n’a jamais voulu avoir d’enfant.
La deuxième courte pièce présente William le junkie (Sébastien David), Monique l'amoureuse recluse (Marie-Hélène Gosselin) et Dédé le petit de la construction dont son frère vient de mourir d’une overdose (Frédéric Côté) qui livre leurs solitudes, leur mal de vivre et crient en un seul souffle la difficulté de vivre dans un Montréal de la fin des années 1990 entre la mort de Marie-Soleil Tougas et le bug de l’an 2000. Les trois personnages attendent Gaudreault, un « pusher », qui les manipulent par son absence les trois à la fois. La pièce, mise en scène sobrement par son auteur Sébastien David, avec seulement pour accessoires des chaises sur la scène, met l’accent sur les mots et la détresse des personnages. Même si la pièce est une référence explicite au classique de Samuel Beckett, En attendant Godot, les personnages sont campés dans le mal de vivre qui frappe les Québécois contemporain. Même si parfois certaines répliques semblaient plus récitées que jouées, l’émotion était toujours au rendez-vous et les trois comédiens ont su nous toucher et nous faire réfléchir.
La toute première version de la pièce En attendant Gaudreault a vu le jour en 2008, au Théâtre Prospero, dans le cadre de l’événement Rallye Midi-Minuit. Elle est reprise par le même événement en 2009, présentée lors du festival OFFTA en 2010, à la salle Jean-Claude-Germain du Théâtre d’Aujourd’hui en 2011 et à Québec, pour la première fois, à premier Acte.
Présentée à Premier Acte jusqu’au 11 février 2012.
Valérie Côté